Appel............................................................................................................................................... 2

Fil conducteur............................................................................................................................ 2

A) Formalisation musicale....................................................................................................... 3

B) Modèle idéologico-politique................................................................................................ 4

Plan................................................................................................................................................. 6

I. Méthode...................................................................................................................................... 6

Enjeux......................................................................................................................................... 6

Raisonances................................................................................................................................ 6

Ombres & lumières....................................................................................................................... 6

Double formalisation................................................................................................................ 6

II. Thèses sur 68............................................................................................................................. 7

Thèse 1........................................................................................................................................ 7

Thèse 2........................................................................................................................................ 7

Thèse 3........................................................................................................................................ 7

Thèse 4........................................................................................................................................ 7

Thèse 5........................................................................................................................................ 8

Cinq thèses................................................................................................................................ 8

III. Enquête sur l’hétérophonie musicale.................................................................................. 8

III.1 - Premier cadrage de six phonies.................................................................................... 8

III.2 - Enquête sur la notion................................................................................................... 10

IV - Exemples (enquête sur la pratique)................................................................................... 11

Voix........................................................................................................................................... 11

Collectifs.................................................................................................................................. 14

V. Propositions............................................................................................................................ 18

Thèses....................................................................................................................................... 18

Trois questions......................................................................................................................... 20

VI. Autres modèles que musicaux............................................................................................. 20

Formalisation........................................................................................................................... 20

Modèles « politiques »............................................................................................................ 20

Appel

Fil conducteur

La notion musicale d’hétérophonie peut se penser comme formalisation d’un nouveau type de dialectique au sein du peuple. Le modèle d’une telle formalisation sera pris dans certaines questions que Mai 68 pose à la politique (l’unité étudiants-ouvriers, mais en vue de quel peuple ?) et à la philosophie (comment résoudre affirmativement les contradictions non antagoniques ?).

A) Formalisation musicale

1. Enquêter sur la notion musicale d’hétérophonie en l’opposant aux notions de monophonie, d’homopho-nie, de polyphonie, d’antiphonie et de cacophonie :

- chez les compositeurs (Boulez [1], Berio [2], Kagel [3]) ;

- chez les ethnomusicologues [4].

Enquêter de même sur les notions homonymes non musicales [5] :

- philosophique (Platon [6])

- romanesque (Volodine [7]) [8]

- théâtrale (Brecht [9])

En déduire que la notion d’hétérophonie est elle-même cacophonique (elle varie au gré des dialectiques entre même et autre). Ne pouvant être à proprement parler reprise [10], la notion d’hétérophonie devra être décidée.

2. Examiner quelques exemples musicaux de monophonie (grégorien), d’homophonie (Nabucco [11], Wozzeck [12]), de polyphonie (fugues), d’antiphonie (Répons), de cacophonie (Chronochromie [13]) et d’hétérophonie (Moïse et Aron [14], Sequenza III [15], Duelle [16], Free jazz [17]…).

On constatera que la dialectique unité-pluralité (qui différencie les manières de grouper les voix) s’inscrit intérieurement dans les types de voix concernées - il y a ainsi lieu de distinguer voix intrinsèquement monophoniques, polyphoniques ou hétérophoniques.

Soit cette indication, qu’on inscrira à l’ombre de la réduplication kierkegardienne : si la polyphonie ne se réduplique pas dans les voix qu’elle superpose (puisqu’une polyphonie somme des voix intrinsèquement monophoniques), une hétérophonie semble requise de se rédupliquer (c’est-à-dire de collectiviser des voix intrinsèquement hétérophoniques).

3. D’où l’hypothèse cardinale d’une double reprise : reprendre-refonder la notion d’hétérophonie musicale implique en amont de reprendre la notion de voix musicale [18]. L’orientation devient alors la suivante : il faut adjoindre une voix d’un type nouveau pour étendre les collectifs vocaux traditionnels à des ensembles hétérophoniques [19].

D’où ces trois questions compositionnelles :

- qu’est-ce qu’une voix hétérophonique ?

- comment un ensemble hétérophonique devient-il comptable-pour-un pour l’oreille ?

- comment un tel type d’ensemble peut-il s’auto-transformer [20] ?

B) Modèle idéologico-politique

Description : Macintosh HD:POLITIQUE:MAI 68:PHOTOS 68:Sorbonne 20 mai 1968 SLP.jpg

1. Si 68 fut bien l’entrecroisement problématique de quatre strates disparates et séparées [21] (un soulèvement étudiant à échelle mondiale, une action ouvrière originale [22] de grande ampleur, une poussée idéologique d’ordre libertaire, un élan politique égalitaire vers un type nouveau d’enjeux et d’organisations), ne pourrait-on penser l’ensemble de ces quatre composantes enchevêtrées comme une hétérophonie à quatre voix ?

2. Si la quatrième de ces « voix », rivalisant avec la troisième, diagonalise les deux premières, 68 n’offre-t-il pas ipso facto un modèle d’hétérophonie où « voix » doit s’entendre simultanément en des sens différents (ici voix politiques, voix idéologiques, voix de mouvements et groupes sociaux) ?

3. Si l’unité de 68 (découlant de son compte comme une hétérophonie) reste problématique (elle ne saurait procéder formellement du nom commun de « voix » uniformément attribué à ses quatre strates), on proposera - paradoxalement - de la réfléchir à partir d’un trait distinctif par défaut : ce serait l’idée politique de peuple qui aurait manqué à Mai 68 stricto sensu [23], cette idée même qui va pourtant irriguer en profondeur le travail politique de toute la décennie rouge 1966-1976 [24].

4. Une telle hypothèse de travail éclaire alors le crépuscule-68 comme espérance d’aurore.

- Politiquement, 68 indiquerait [25] la nécessité de renverser la question de l’antagonisme : le peuple ne serait plus ce qui procède de la contradiction antagonique (le peuple étant dans ce cas l’ensemble de ceux qui adhèrent à la révolution prolétarienne : « Les peuples veulent la révolution. ») mais, à l’inverse, ce serait l’antagonisme qui procèderait d’une constitution politique préalable du peuple : le peuple serait alors l’ensemble organisé de ceux qui prônent la coopération, non les concurrences ; la libre association collective, non les propriétés privées ; l’intérêt d’ensemble, non les profits particuliers ; le travail polymorphe, non les divisions du travail ; la collaboration internationale, non les rivalités nationales. Pour le dire d’un mot, il s’agirait alors de soutenir l’énoncé constituant :

« Les peuples veulent le communisme. »

- Philosophiquement, 68 suggèrerait de reprendre ce que résolution affirmative des contradictions non antagoniques [26] veut exactement dire : s’il ne s’agit plus qu’une double négation (résorption d’un antagonisme accaparateur) efface les contradictions concernées (à commencer par celles entre hommes et femmes), traiter ces oppositions (plutôt que les résoudre) impliquerait de subsumer les subcontraires concernés [27] pour étendre la fertilité de leurs altérités.

« Humanité, masses déferlantes, déluge de langues » [28]

Au total, l’hétérophonie comme formalisation musicale de cette « démocratie de masse » dont 68 fut un emblème. [29]

***

Notes d’exposé

Plan

I. Méthode

II. Thèses sur 68

III. Enquête

· III.1 - Premier cadrage : 6 phonies

· III.2 - Enquête sur la notion

o en musique : musicologie – compositeurs

o ailleurs…

IV. Exemples musicaux

V. Propositions

· Thèses

· Problèmes

VI. D’autres modèles ?

I. Méthode

Enjeux

Enjeux ? Proposer un cadrage de la notion d’hétérophonie à partir de la musique.

Cette notion est devant nous, c’est une notion qu’on dira « projective » (plutôt qu’injective). D’où « une » notion plutôt que « la » notion, en particulier une notion musicale de l’hétérophonie.

Je vais présenter ce soir des hypothèses de travail, centrées sur la musique – donc sur mon travail compositionnel (Égalité 68) – mais de manière qu’elles soient susceptibles de résonner dans d’autres espaces de pensée et de création.

Raisonances

Raisonances [30] possibles :

1. cette notion musicale d’hétérophonie peut formaliser quelque chose des collectifs politiquement mis en œuvre en 68 ;

2. ce faisant, cette formalisation peut susciter de nouveaux « modèles » (dans d’autres arts…).

Ombres & lumières

Penser une question à l’ombre de la philosophie (c’est-à-dire d’une philosophie donnée) et à la lumière d’une pratique théorique (en général pour moi les mathématiques mais ici la politique).

Double formalisation

Il s’agit

1. de formaliser une notion musicale d’hétérophonie ;

2. de formaliser 68 comme hétérophonie (idéologio-politique) ;

3. de mettre ces deux formalisations en raisonance.

II. Thèses sur 68

Thèse 1

Thèse 1 : Mai 68 est l’unité problématique de 4 composantes disparates [31].

Grande importance de cette thèse : la manière (politique et idéologique) dont 68 fait « un » est problématique.

On le sait par des problèmes de périodisation :

o 68, est-ce « mai », et dans ce cas, quid de juin 68 ?

o Si c’est « mai 68 », quand cela commence-t-il ? Le 3 mai (occupation de la Sorbonne) ou le 1° mai (première manifestation ce jour-là depuis 15 ans [32])

o l’année 68 = soulèvement mondial de la jeunesse instruite mais aussi action ouvrière internationale mais aussi insurrections, émeutes, guerres de libération nationale…

Corollaire : toute présentation de 68 comme homogénéité, comme naturellement « un », toute identification de 68 à une seule de ces quatre composantes, voire à deux, est unilatérale et finalement anti-émancipatrice.

Plus encore : ressaisir la dimension politiquement émancipatrice de 68 ne saurait impliquer une réduction de 68 à sa composante « politique égalitaire ». Il ne s’agit pas de réduire 68 à cette composante même si celle-ci est celle qui nous importe. Et ceci en raison de la thèse suivante.

Thèse 2

L’unité de 68 est faite d’oppositions internes. 68 est le nom d’oppositions internes plus encore que le nom d’une révolte contre un ennemi commun (contre l’ordre établi et contre une société figée).

Grande importance : une unité véritable peut s’initier d’un ennemi commun, d’un « contre » partagé, d’un « à bas » collectif mais elle ne saurait s’édifier sur la seule opposition à une extériorité déclarée. La déclaration de l’ennemi commun, du « contre » partagé, du « à bas » collectif ouvre une question sans aucunement y répondre : la question de l’idée affirmative susceptible d’unifier réellement un collectif d’un type nouveau (non plus essentiellement oppositionnel ou critique mais porteur d’un projet propre).

Dans le cas de 68, la spécificité est que les oppositions internes sont elles-mêmes plurielles. Ce n’est pas le cas d’école du « un se divise en deux » (sans être, bien sûr, à l’inverse celui du « deux fusionnent en un »).

A minima, il y a deux oppositions (voir notre quadrilatère précédent) : l’opposition étudiants/ouvriers (opposition de différences, disons de subcontraires) et l’opposition libertaire/égalitaire (opposition cette fois de contraires [33]). Et il y a opposition entre ces deux oppositions au sens où ces deux oppositions ne font pas clairement l’un d’une nouvelle opposition de type supérieur (on ne peut facilement opposer l’opposition « sociale » étudiants/ouvriers et l’opposition idéologico-politique liberté/égalité).

Pratiquement dit, il n’y pas de formalisation possible selon un hexagone des oppositions : notre quadrilatère ci-dessus n’est pas le carré aristotélicien des oppositions.

Thèse 3

D’où la thèse 3 : 68 est intotalisable et son éventuelle unité est indécidable (c’est-à-dire doit être décidée, non comme l’unité d’un Tout mais l’unité d’une traversée).

Thèse 4

D’où la thèse suivante : l’unité de Mai 68 est à décider du point de ses suites possibles, non en stricte immanence.

Formulation équivalente de la même thèse : ce dont 68 est le nom n’est pas donné univoquement par 68.

Par exemple, 68 est-il le nom d’une libération (auquel cas, laquelle ?) ou le nom d’une possible émancipation politique ?

Thèse 5

Dernière thèse, pour partie récapitulative : 68 est le nom d’une singularité (au sens mathématique du terme) – la singularité 68. Mathématiquement, une singularité, c’est un emplacement local où des tendances globalement contraires (voire contradictoires) sont rendues indiscernables.

Ici essentiellement l’opposition liberté/égalité : Mai 68, moment de liberté ou d’égalité ?

La singularité 68 est indiscernablement un début et une fin, un départ et une arrivée, une ouverture et une clôture, une aurore et un crépuscule [34].

68 ouvre une nouvelle séquence mais clôture celle-là même qu’il semble prolonger et intensifier : par exemple clôture du thème de la Révolution.

Cf. 68 est à traverser plutôt qu’un départ.

Avis personnel : j’ai pu d’autant mieux traverser 68 que j’étais déjà militant politique (Comités Vietnam de Base). J’ai pu constater par contre la difficulté pour s’orienter durablement chez ceux qui ont commencé par 68 (ils n’ont pas tenu au-delà du tournant du milieu des années 70 – disons de la liquidation du gauchisme).

Cinq thèses

Récapitulons ces cinq thèses :

1. Mai 68 est l’unité problématique de quatre composantes disparates.

2. L’unité de 68 est faite d’oppositions internes, non d’une opposition à un ennemi commun.

3. 68 est intotalisable et son éventuelle unité est indécidable.

4. L’unité de Mai 68 est à décider comme unité d’une traversée donc du point de ses suites possibles.

5. 68 est le nom d’une singularité plutôt que d’un événement proprement dit. Singularité liberté-égalité, aurore-crépuscule…

On va voir que tout ceci schématise ce qui peut aussi être appelé hétérophonie : ici l’hétérophonie 68 de quatre composantes…

III. Enquête sur l’hétérophonie musicale

III.1 - Premier cadrage de six phonies

mono-phonie, homo-phonie, poly-phonie, anti-phonie, caco-phonie et hétéro-phonie

Au sein des collectifs musicaux, on distingue ainsi six formes de collectifs vocaux.

Remarque étymologique

Au départ, phonie désigne le son, pas la voix. Ainsi hétérophonie désigne un « son autre » - en gros, une dissonance. Le sens courant de « voix » pour phonie ne viendra qu’au Moyen-Âge avec l’usage du mot « polyphonie » pour désigner « plusieurs voix » (et non pas un accord de plusieurs sons).

Voix ?

Voix au sens musical, pas forcément voix humaine (parlée-chantée-criée-murmurée…) ou voix instrumentale (d’une flûte, d’un violon…).

Voix musicale renvoie à discours : une voix musicale, c’est ce qui discourt.

« Voix » en musique renvoie donc à trois types de voix : la voix vocale ou humaine, la voix instrumentale, la voix musicale.

La même « voix » musicale peut ainsi traverser conjointement un corps instrumental et un corps humain en un duo expressif tel par exemple celui du hautbois d’amour et de l’alto dans le Qui sedes ad dextram Patris de la Messe en Si.

www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Bach.mp3

Cf. aussi le groupe Double Six, le scat, l’imitation vocale d’une flûte mongole…

www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Double-Six.mp3

www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Scat.mp3 (à partir d’1’30)

www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Mongolie.mp3

Remarque sur la catégorie de voix

Cela suppose, cependant, qu’on peut distinguer des voix musicales au sein du collectif musical considéré. Ceci n’est pas toujours le cas : un orchestre pointilliste, un orchestre à la Xenakis économise la catégorie musicale de voix (c’est d’ailleurs la grande faiblesse musicale de la musique de Xenakis : il s’agit d’un collectif sonore plutôt que musical).

Il y a un lien entre toutes nos questions et la catégorie de voix qui, musicalement, se trouve aujourd’hui mise en question.

Prôner l’hétérophonie, c’est continuer la catégorie de voix (en examinant comment la renouveler). Voir plus loin.

Hypothèse d’une dialectique du même et de l’autre

On distingue les voix au sein d’une même dialectique : celle du même et de l’autre.

On a une notion englobante de voix, et on distingue différentes voix selon le même et l’autre.

Attention au fait que si hétérophonie se distingue bien d’homophonie comme l’autre diffère du même, la chose susceptible d’être même ou autre diffère selon les optiques : pour nous, la chose sera la voix, mais pour les Grecs, la chose était le son et on verra que pour Boulez la chose est la structure ou sa figuration.

Beaucoup de différences dans le sens donné au mot hétérophonie s’expliquent ainsi par les différences concernant la chose musicale susceptible d’être même ou autre.

Premier classement

On va classer – distinguer et ordonner – nos six formes selon l’intensification de l’altérité d’une même voix de départ :

1. Monophonie : une seule voix (pas vraiment d’autre).

Exemple canonique : le grégorien, le tajwîd, un chant solo…

2. Homophonie : une même voix (il y a des autres voix mais traités comme « mêmes » : par exemple octaviation, et plus largement voix parallèles).

Exemple canonique : hymnes massifs, musique arabe…

3. Polyphonie : différentes voix semblables (on part désormais de l’altérité - d’une altérité immédiatement constatable : par le registre, par le profil mélodique, par le rythme… - et le même est affaibli en le semblable) mais coordonnées, dépendantes les unes des autres, responsables collectivement. L’altérité est sous contrôle immanent de chaque voix. Le même tient ici à la structure : même structure (dans la tonalité : même ton, même mètre, même thème). Le même est intérieurement gagé par chaque voix.

Exemple canonique : la fugue

4. Cacophonie-Hétérophonie : l’altérité prime désormais – elle est première - et la question porte désormais sur le même. On part de l’altérité (voix indépendantes, qui n’ont pas la même structure – tonale, métrique, thématique) et on les collectivise de l’extérieur. Problème alors : à quelles conditions obtient-on ici « un » collectif musical et pas un simple tas, une simple somme, un empilement (une cacophonie) ?

5. Antiphonie : cas particulier d’une alternance – dialogue, questions-réponses -, d’une dualité. Ici le même est de départ ; l’autre est assuré par l’alternance (les deux voix ne sont plus simultanées mais successives).

Exemple canonique : alternance question-réponse, refrain/couplets

Mais l’antiphonie n’est pas forcément successive ; elle peut être simultanée.

Hexagone des oppositions

On formalisera ce petit réseau

1. en un triangle de contraires en matière de voix : mono, poly et hétéro-phonies ;

2. en un triangle de subcontraires en matière de collectif : homo, anti et caco-phonies ;

3. en un hexagone articulé de ces six -phonies :

III.2 - Enquête sur la notion

En musicologie

Cf. fichier spécial www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Musicologie.htm

Retenir

1. Le nom hétérophonie pointe un après-modernisme. D’où partage : postmoderne ou nouvelle modernité ?

2. L’hétérophonie tend à minimiser la dimension verticale et le phénomène harmonique.

3. L’hétérophonie tend à privilégier la dimension horizontale et le phénomène mélodique.

4. L’hétérophonie implique une réaction de la catégorie musicale de voix (pas forcément humaine).

Compositeurs

Boulez

Cf. fichier spécial www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Boulez.htm

Retenir

L’hétérophonie intervient chez lui au niveau de la figuration : elle concerne donc la figure comme médiation entre la structure et la Forme. Son même et son autre concerne donc les rapports figures-structures. À ce titre, ses caractérisations ne nous intéressent pas directement.

Si l’homophonie est pour lui une multiplication, l’hétérophonie est une addition (de différents aspects d’une même structure).

L’important à retenir est son point de vue : il ne faut pas abolir la notion de voix mais, pour cela, il faut radicalement la repenser.

Kagel

Cf. fichier spécial www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Kagel.htm

www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Kagel.mp4

Retenir

Pour lui, l’hétérophonie est une sorte d’homophonie ironiquement ratée, variée, inaboutie (voir son « Accordez-vous Messieurs ! »).

Autres

explicites

Platon

Cf. fichier spécial www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Platon.htm

Retenir

Les mots n’avaient pas le même sens que pour nous : Musique veut dire « Arts des Muses » ; hétérophonie veut dire « dissonance »…

implicites

Volodine (Dondog)

« Une voix va dessiner un fond sonore ininterrompu. Une voix murmurée et monotone construit l’espace dramatique de référence… Sur cette première charpente textuelle, comparable à une basse continue, vient se greffer un motif plus ouvertement rythmique et musical : un solo de flûte… [Ce duo] s’enrichit rapidement de voix qui se superposent sans tenir compte les unes des autres. Elles se superposent et elles sont indépendantes, mais elles s’harmonisent pour former une seule pâte… Plusieurs espaces sont réservés pour cela dans la salle, en principe sur la scène, mais aussi au milieu du public quand la place manque… Pour que la scène ne s’emplisse pas d’une clameur éclatée et inaudible, chaque voix profère son texte à un niveau sonore qui la situe juste un peu au-dessus du chuchotis, entre chuchotis et marmonnement… Chacun joue très distinctement sa partie au sein de la masse sonore collective, sans transformer la pièce en cacophonie… Certains soirs, l’orchestre local – des accordéonistes - vient prêter main-forte au flûtiste… »

Brecht

« Nous attendons un collectif d’arts autonomes » (1956)

Conclusion

- La notion d’hétérophonie est elle-même cacophonique !

- Elle s’oppose principalement à celle d’homophonie : homo/hétéro = même/autre

- On hérite de pas grand-chose. Il nous faut donc décider notre notion d’hétérophonie.

IV - Exemples (enquête sur la pratique)

Voix

Une voix monophonique

C’est le cas le plus banal !

- arménien : www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Armenien.mp3

- tajwîd : www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Tajwid.mp3

Une voix homophonique

Cela n’existe pas car l’homophonie suppose plusieurs voix (qui soient les mêmes).

Une voix intrinsèquement polyphonique

Bach

Choral arpégé

CBT

Les Préludes des Suites n° 1 (Sol majeur) et n°4 (Mi b majeur) pour violoncelle seul

Mozart

Une voix antiphonique

Cf. Refrain/couplets…

Cf. ABA

Cf. le « pont » dans les thèmes de Jazz : A-A-B-A [35]

Une voix cacophonique

Je n’en connais pas d’exemple. Voir la voix « folle » d’Antonin Artaud ?

Une voix hétérophonique

Berio : Sequenza III (1966)

Cf. fichier spécial www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Berio.htm

www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/1.Berio.mp4

www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/2.Berio.mp4

Collectifs

Un collectif monophonique

Grégorien

www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Gregorien.mp3

Similitudes avec le tajwîd :

· vocalisation d'un texte fixé,

· psalmodie/cantillation (avec hauteur : transcriptible comme mélodie)

· monodique (une seule voix)

· a cappella

· modal…

· Les deux apparaissent à la même époque : VI°-VIII° pour le grégorien / VII° pour le tajwîd (qui semble originaire)

Différence : le grégorien est souvent responsorial (soliste/collectif), le tajwîd est uniquement soliste (peut exister des approbations collective à la fin : "Amen" ou plus spontanées…).

Un collectif homophonique

Verdi : Nabucco

Verdi : Nabucco (Chœur des esclaves)

Quand « Nuit debout » l’interprète, l’homophonie devient une hétérophonie (au sens de Kagel – voir ci-dessus – c’est-à-dire au sens d’une homophonie désaccordée) :

https://www.youtube.com/watch?v=73ga-FwjVqA

Musique « arabe »

www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Homophonie.mp4

Berg : Wozzeck (III°acte)

Description : Macintosh HD:FRANçOIS:"HÉTÉROPHONIE 68":GROUPE D'ÉTUDES:Hétérophonie? Juin 2016:Exemples:Wozzeck si.pdf

www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Wozzeck.mp3

Un collectif polyphonique

Gould : So you want to write a fugue ! (vidéo)

Description : Macintosh HD:FRANçOIS:"HÉTÉROPHONIE 68":GROUPE D'ÉTUDES:Hétérophonie? Juin 2016:Gould Fugue.jpg

www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/1.Gould.mp4

www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/2.Gould.mp4

Un collectif antiphonique

« Barrabas ! »

Répons…

Concerto pour instrument soliste…

Exemple : Charlie Mingus et Eric Dolphy

www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Mingus-Dolphy.mp3

Cf. deux voix, non pas une

CBT II – 1° prélude

Partitas

Un collectif cacophonique

Messiaen : Chronochromie (1959-1960) : Épode.

Cf. fichier spécial www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Messiaen.htm

www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Messiaen.mp4

Un collectif hétérophonique avec des voix non hétérophoniques

Schoenberg : « La » voix du Buisson ardent

Cf. fichier spécial www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Schoenberg.htm

www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Schoenberg.mp3

Duelle

www.egalite68.fr/Heterophonie68/musique/Duelle-Timee.mp3

« Murs de Gaza »

Cf. troisième séance Qui-vive

« Hétérophonie presto »

Cf. Qui-vive du 23 juin 2106

Cette fois, une des voix – « la voix parlée » faite de six voix parlant six langues différentes – est elle-même hétérophonique !

Spatialisation

Contenu

Type

Débuts des séquences

30”

1’

1’30”

2’

2’30”

3’

3’30”

4’

4’30”

5’

5’30”

6’

6’30”

7’

7’30”

8’

8’30”

9’

9’30”

Centré

Presto

poly

Roto

Wood

(+p)

Peaux

(+v)

Vibra

∑

Panoramique

6 langues

parlées

hétéro

allemand

russe

arabe

français

anglais

latin

Gauche & droite

extrêmes

2 chants

simultanés

anti

de monos

début

fin

début

Décentré

sur la droite

Chœur

Bach

poly

début

fin

Gauche & droite

médians

Manouche

Art Tatum

homo

début

fin

début

Compte-pour-un

Le compte-pour-un de l’hétérophonie peut ainsi se faire comme :

1. une voix vocale : Berio

2. une « voix » sémantique (Buisson ardent)

3. un collectif vocal (Duelle) ⟹ des voix décomptables

4. une masse vocale (Gaza) ⟹ des voix indécomptables avec (H presto) ou sans (Gaza) H

V. Propositions

« J’appelle hétérophonie… »

Thèses

Six points anciens (du séminaire Babel)

1. Multiplicité hétérogène (≠ pluralité homogène = polyphonie).

Il s’agit dans l’hétérophonie de mettre en commun des entités relativement disparates plutôt qu’uniformes, des entités qu’on ne pourra donc compter comme pluriel d’un même type (comme on le fait en matière de polyphonie). Une hétérophonie n’est pas le produit d’une unité princeps ; elle incorpore une part d’hétérogénéité intrinsèque, rétive à la figure du simple produit. Elle est multiplicité de composantes bigarrées plutôt que pluralité d’unités homogènes.

2. Interaction coopérative (≠ cacophonie).

La mise en commun de ces composantes partiellement hétérogènes ne se limite pas à être une somme c’est-à-dire une superposition, une totalisation en fatras : ces composantes indépendantes entrent en rapport de coopération (pas seulement de rivalité et concurrence), se rapportent les unes aux autres sans pour autant constituer une totalité organique, fonctionnelle. [36]

3. Globalité constituée.

Ni produit (plus grand commun diviseur de la polyphonie contrapuntique), ni somme (plus petit commun multiple de la coexistence indifférente), l’hétérophonie est une mise en rapport de composantes relativement autonomes où le rapport est alors constitué à partir d’existences séparées (et restant jusqu’au bout relativement séparables, indépendantes donc) plutôt qu’il n’est constituant de ses propres composantes.

Hétérophonie nomme alors ce qui arrive à ces différentes composantes, hétérogènes et autonomes, lorsqu’elles sont mises en rapport par partage d’un même temps chronologique. [37]

4. Montage extrinsèque.

La mise en commun hétérophonique est originellement extrinsèque : elle ne procède pas d’une nécessité intrinsèque partagée par chaque composante. L’hétérophonie est une question adressée de l’extérieur à chaque composante (alors qu’une polyphonie est plutôt la réponse endogène suscitée par différentes voix éveillant leurs pareilles). Ce faisant, l’hétérophonie part d’un montage qui rapproche des composantes éloignées et procède donc tel un humour.

Il y a des rencontres au principe de l’hétérophonie, rencontres entre autonomies (relatives) ou indépendances. Ces rencontres ouvrent des décisions : créations ou non de dépendances ?

On n’est pas ici dans la logique du « un se divise en deux » comme on l’est dans certaines polyphonies contrapuntiques : par exemple dans la fugue. Dans certaines hétérophonies, on va aboutir à la logique inverse du « deux fusionnent en un » (cf. logique homophonique).

5. Justice.

Si le paradigme de la polyphonie pourrait être la fraternité, le paradigme de l’hétérophonie pourrait être la justice : rendre justice de l’existence simultanée et compossible d’une multiplicité relativement hétéroclite (tout comme la Justice est la compossibilisation de vertus relativement discordantes).

6. Entrelacs, tresse.

La mise en rapport hétérophonique relève d’un entrelacs ou d’une tresse entre ses composantes plutôt que d’une construction contrapuntique (algébrique donc, élément par élément) : elle renvoie à une globalisation topologique des parties plutôt qu’à une localisation algébrique des éléments. La composition d’un tel entrelacs ou d’une telle tresse ne se limite pas au montage premier : elle induit torsions, contournements, déplacements, compressions endogènes des composantes sous l’effet exogène de leurs partenaires ; elle dialectise ce faisant propriétés extrinsèques de situation et propriétés intrinsèques de composition. Elle tend, ce faisant, à transformer l’idée même de ce que « voix » veut dire.

Les dépendances qui peuvent se créer entre voix autonomes de l’hétérophonie – dépendances de différentes natures (oppositions de contradictoires ou de contraires, oppositions de subcontraires, fusions, enlacements, etc.)

Cinq thèses aujourd’hui récapitulatives

Caractérisons l’hétérophonie musicale du point – décisif – de l’oreille.

1. « Il y a des voix » (et pas seulement des poussières de sons, des coulées sonores, des nuages de points ou de choses mal discernables), mais tout n’est pas forcément voix.

2. Les voix qu’il y a sont indécomptables, non tant parce qu’elles seraient trop nombreuses à décompter mais plutôt par défaut d’étalon commun sur ce qu’est ici « une » voix, par défaut d’un commun : il y a des voix de types différents. D’où un multiple de voix plutôt qu’un pluriel…

Ces deux thèses donnent : il y a un multiple indécomptable de voix de types différents.

3. Les voix discernables sont globalement indépendantes, a priori indifférentes les unes aux autres à échelle d’ensemble (ni coopération, ni concurrence).

4. Par contre, il y a des rencontres locales entre elles.

5. Il est possible de compter globalement la chose comme « une » (hétérophonie). La totalisation reste impossible mais une saisie globale comme « une » est possible.

Trois questions

- qu’est-ce exactement qu’une voix hétérophonique ?

- comment un ensemble hétérophonique devient-il comptable-pour-un pour l’oreille ?

- comment un tel type d’ensemble peut-il s’auto-transformer [38] ?

Voix hétérophonique ?

Ce point est au programme d’une journée Ircam programmée le 12 novembre 2016.

Voix humaine

La voix qui chante un texte est spontanément hétérophonique…

D’où une hétérophonie qui circule entre deux extrêmes : cette voix chantant un texte clairement articulé comme tel et la voix de Sequenza III

Voix instrumentale

« Une » hétérophonie ?

Faut-il nécessairement qu’une des voix joue un rôle spécifique d’enveloppe interne ou de fil conducteur plutôt que de synthèse, telle cette voix que Schoenberg notait H pour indiquer qu’elle jouait un rôle principal (Hauptstimme) ?

Cf. solution adoptée pour Hétérophonie presto…

Discours hétérophonique ?

Comment une hétérophonie peut discourir et pas seulement s’exposer en un moment ?

VI. Autres modèles que musicaux

Formalisation

Notre notion musicale d’hétérophonie peut formaliser des musiques mais peut-être aussi des hétérophonies non musicales.

Rappels sur la formalisation (et non pas la modélisation !).

Dans la formalisation, le modèle de départ est le canon à copier. Dans la modélisation (cf. économie), le modèle est un modèle réduit, une maquette…

La notion de « rormalisation » permet de sortir de la vieille dialectique stérile de la forme et du contenu par une dialectique à trois termes (cf. RSI de Lacan).

⟹ Cette ambition hétérophonique n’aurait-elle pas valeur formalisatrice dans l’espace idéologico-politique contemporain pour formaliser l’organisation de nouveaux processus dialectisant Égalité des composantes et libertés des collectifs ?

Modèles « politiques »

Yougoslavie : 6-5-4-3-2-1

« La Yougoslavie a six Républiques, cinq nations, quatre langues, trois religions, deux alphabets et un seul parti ! » Tito

La Yougoslavie : 1945-1990 (dont 1945-1980 avec Tito)

— 6 républiques : (du Nord au Sud) Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Monténégro, Macédoine

— 5 nations : Slovènes, Croates, Serbes, Monténégrins, Macédoniens

— 4 langues : Slovène et Croate (caractères latins), Serbe et Macédonien (en caractères cyrilliques)

— 3 religions : catholique, orthodoxe, musulmane

— 2 alphabet : latin, cyrillique

— 1 parti : La Ligue des communistes de Yougoslavie

68 : 4-3-2-1

68 a 4 voix, 3 types, 2 synthèses et 1 hétérophonie :

- 4 voix : étudiants soulevés, ouvriers en grève, idéologie libertaire, politique égalitaire

- 3 types : groupe social (étudiants | ouvriers), idéologie, politique

- 2 synthèses : libertaire, égalitaire

- 1 hétérophonie : « Mai 68 »

***

[1] « Je définirai l’hétérophonie comme la superposition à une structure première de la même structure changée d’aspect ; on ne saurait la confondre avec la polyphonie qui rend une structure responsable d’une nouvelle structure. » Penser la musique aujourd’hui

[2] « Dans la polyphonie, les voix ont conscience des autres. Dans l’hétérophonie, l’insouciance est possible ; une hétérophonie est l’association de moments autonomes de caractères distincts qui ne sont pas nécessairement liés entre eux. » 1997

[3] Heterophonie (1959) : l’hétérophonie comme à peu près de l’homophonie (« Accordez-vous Messieurs ! ») et comme polyphonie indéterminée (logique de l’œuvre ouverte…)

[4] voir avant tout les différentes strates du gamelan indonésien

[5] Politique ? Tito : « La Yougoslavie a six Républiques, cinq nations, quatre langues, trois religions, deux alphabets et un seul parti. »

[6] « Quant à l’hétérophonie amenant, au moyen de la symphonie et de l’antiphonie, des successions de sons étrangères à la cantilène composée, il n’y a pas lieu d’y exercer les enfants qui apprennent ce que le domaine des Muses a d’utile. » Les Lois

[7] « Une voix va dessiner un fond sonore ininterrompu. Une voix construit l’espace dramatique de référence. Sur cette première charpente, comparable à une basse continue, vient se greffer un motif plus ouvertement rythmique et musical : un solo de flûte. Ce duo s’enrichit de voix qui se superposent sans tenir compte les unes des autres. Elles sont indépendantes, mais elles s’harmonisent pour former une seule pâte. Plusieurs espaces sont réservés pour cela dans la salle. Pour que la scène ne s’emplisse pas d’une clameur éclatée et inaudible, chaque voix profère son texte à un niveau sonore qui la situe juste un peu au-dessus du chuchotis. Chacun joue très distinctement sa partie au sein de la masse sonore collective, sans transformer la pièce en cacophonie. » Dondog

[8] Virginia Woolf serait passée d’une polyphonie (Le Phare) à une hétérophonie (Les Vagues) - voir Dominique Henaff.

[9] « Nous attendons un collectif d’arts autonomes » (1956) - une Égalité des libertés ?

[10] Boulez, id. : « Dans la tradition occidentale, l’hétérophonie fut assez rarement employée, même à l’état élémentaire. »

[14] La voix hétérophonique du Buisson ardent

[15] Celle pour voix – ici « une » voix hétérophonique

[16] La cadence pour la Timée (partie XI de Duelle)

[17] Cf. ces improvisations collectives circulant entre deux écueils contraires (la cacophonie et l’homophonie) pour se réfugier dans l’antiphonie (questions-réponses)…

[18] Boulez, id. : « La notion de voix doit être radicalement repensée. »

[19] tout comme il faut adjoindre un type nouveau de nombre – « coupure » - aux nombres rationnels pour étendre la conception grecque de nombre aux nombres réels, et de même encore adjoindre un type nouveau de nombre – « paire d’un ordinal et d’une de ses parties » - aux nombres réels pour étendre la conception moderne de nombre aux nombres surréels (Badiou, Le Nombre et les nombres).

[20] jusqu’à composer une discursivité hétérophonique ?

[22] grèves sauvages, occupations d’usines…

[23] Ainsi le mot est-il totalement absent des slogans et graffitis de l’époque lors même qu’il trône alors, sans réel déploiement politique, au fronton d’affiches, banderoles et journaux directement inspirés de la Révolution culturelle : Servir le peuple, La Cause du peuple…

[24] En France, à partir d’une diagonale des forces (étudiants-ouvriers) et d’une oblique des places (facultés-usines), à distance d’une violence révolutionnaire privilégiant l’antagonisme, l’organisation d’une politique émancipatrice de type nouveau va s’attacher, après 68, à la constitution politique d’un peuple par adjonction des paysans des campagnes, des femmes des quartiers populaires et d’un mouvement unifié de la jeunesse.

[25] Rappelons : il s’agit ici de saisir ce qui de Mai 68 peut opérer comme modèle de notre formalisation musicale. S’il s’agissait plutôt d’en faire bilan politique en bonne et due forme, il faudrait indiquer que la question politique principalement mise à l’ordre du jour a été celle d’une organisation politique (« Parti » disait l’époque) de type nouveau susceptible de diriger le processus général de décloisonnement, d’intrication et d’unification des différentes strates en mouvement. On pourrait alors soutenir que la composition musicale formalise l’organisation politique.

[26] Précisément celles qui, en politique, s’attachent aux contradictions au sein du peuple…

[30] ou résonances entre raisons différentes…

[32] Première manifestation du 1° mai depuis son interdiction, en 1954, par le gouvernement Laniel (suite au 14 juillet 1953, où la police avait ouvert le feu sur le cortège du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques – MTLD -, place de la Nation).

[34] On me fait remarquer que crépuscule nomme une période qui peut être aussi bien avant le lever du soleil qu’après son coucher (le crépuscule du matin qui précède l’aurore s’appelant aube et le crépuscule du soir étant le crépuscule au sens ordinaire). À ce titre, crépuscule à lui seul serait le nom d’une singularité puisque matin et soir y seraient brièvement rendues indiscernables.

Remarquons au passage que la langue arabe joue en abondance de ce type ambivalent de signifiant qu’elle appelle addad.

[35] On me fait remarquer que cette alternance contrastée renvoie plus à la Forme qu’à l’antiphonie proprement dite d’une même voix. Oui et non : l’antiphonie à large échelle peut en effet structurer une Forme sans pour autant perdre son caractère d’antiphonie (dit autrement : antiphonie et Formes ne sont pas incompatibles).

[37] Synthèse au fil d’une composante principale ?

[38] jusqu’à composer une discursivité hétérophonique ?