Htrophonie
chez Boulez
La notion dH joue un rle dcisif dans Penser la musique aujourdhui car elle occupe 10 pages entires (139-149) du livre, juste avant son terme provisoire , au seuil de la forme (p. 165) le travail de composition proprement dit commence maintenant : toutes ces mthodes, il faut donner un sens. (166).
Pour lui, lH relve donc du pr-compositionnel.
Mais son H nest pas la mienne, et la mienne relve du compositionnel
Boulez mise donc sur lH pour faire mdiation entre ses structures srielles et cette forme (sur laquelle il butera).
Reprendre la question de lH et donc celle de voix, cest donc bien reprendre les questions compositionnelles au point o Boulez les a provisoirement laisses au mitant des annes 60 (avant de les reprendre, de son ct, partir de lIrcam).
Noter le lien entre la question de la voix et la question de lhtrophonie : sil y a lieu de reprendre la question de la voix, cest dans le cadre de lH :
On devra concevoir la transformation de la notion de voix, non pas envisager son abolition. (152)
La notion de voix doit tre radicalement repense. (152-153)
largie, la notion de voix nous permettra de rendre poreuses les catgories comme monodie, htrophonie, polyphonie. (153)
Premier trait : ce quil sagit dՎtendre (adjonction-extension), cest la notion de voix musicale.
Deuxime trait : pour tendre la notion de voix, il faut adjoindre lhtrophonie la polyphonie.
Hypothse nouvelle : cest lH qui autorise une nouvelle notion de voix et non linverse. Prenons H comme un contexte possible pour des voix, et posons quil faut adjoindre un nouveau contexte pour largir la notion de voix.
Adjonction dune H pour tendre la notion de voix
Resituons la question de lH dans ce livre.
Il faut repartir de la fin de la page 131.
La logique boulzienne est la suivante : les structures sincarnent en des figures qui seront les agents directs de la forme. (132)
La figuration des structures agit la Forme
Penser la figuration par gnralisation (du srialisme des
H) 4 autres dimensions (dure, dynamique, timbre et espace) et croisement
avec une opposition
fixit/mobilit ⟹ des constellations = 5 dimensions ⨂
une opposition.
Les
critres syntaxiques de cette combinaison mobilisent trois notions
simples : monodie, htrophonie, polyphonie (suite quoi, par
combinaison, on obtient des notions complexes).
Donc on part de lopposition de mes trois contraires (Boulez parle de monodie la place de monophonie) :
Boulez dclare sa volont de classer toutes ces notions, sans tre prisonnier de leur dfinition traditionnelle : On a but parfois sur leur dfinition parce quon a troitement associ les formes dՎcriture avec le pass o elles sont pris naissance ; si le nom subsiste, le domaine sen largit parfois considrablement. Nous voudrions, plutt que les rattacher obstinment leur histoire, donner aux critres de combinaison une classification rationnelle, daprs des principes simples, se ramenant deux catgories. (133)
Deux catgories : la dimension (horizontal- diagonal- vertical) et le mode demploi (individuel-collectif).
Do un tableau :
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horizontal |
diagonal |
vertical |
individuel |
monodie |
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collectif |
homophonie |
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|
Nous considrons lhomophonie comme la transformation directe de la monodie sous le rapport de la densit (134) par multiplication verticale ou horizontale (135) Par l, je tiens le domaine de lhomophonie pour excessivement large (135)
Cest le fait dinclure une multiplication horizontale qui largit la notion – voir exemple 46 p. 135
Je dfinirai, de manire gnrale, lhtrophonie comme la superposition une structure premire de la mme structure change daspect ; on ne saurait la confondre avec la polyphonie qui rend une structure responsable dune nouvelle structure. (135-6) Les exemples se trouvent surtout dans la musique dExtrme-Orient (136)
Cf. gamelan sans doute
Ce mode de combinaison dduit une collectivit des structures partir dun modle individuel. (136)
Ici sa notion dH est restreinte car ses diffrentes voix ont la mme structure et diffrent seulement par leurs aspects (disons : par le type de figuration dune mme structure). Je vais utiliser une notion beaucoup plus large dH : celle o les voix relvent de structures diffrentes, sans tre responsables entre elles comme dans la polyphonie.
La notion de polyphonie se distingue par la responsabilit quelle implique dune structure une autre. (136)
Je considre comme harmonie toute relation verticale de points, de figures ou de structures. (137)
Lantiphonie est une distribution de structures polyphoniques dj formules. (138)
Cest partir dun tel classement des distinctions que commence le travail de dduction. (139)
Cf. Boulez : dvelopper, cest dduire
Pour montrer par quelles mthodes on peut tirer, dune seule base dpart, un grand nombre de consquences, toutes gnralisables, je prendrai le cas particulier de lhtrophonie. (139)
Dans la tradition occidentale, elle fut assez rarement employe, mme lՎtat lmentaire. (140)
Do des exemples chez Beethoven, mais cela ne mintresse gure car son H nest pas la mienne :
Jentends prcisment par htrophonie une rpartition structurelle de hauteurs identiques, diffrencie par des coordonnes temporelles divergentes, manifeste dans des intensits et des timbres distincts ; jՎlargis, par consquent, la notion dhtrophonie du plan monodique au plan polyphonique. (140)
Cf. les hauteurs sont rparties autrement en dures, dynamiques et timbres
Do une classification systmatique, donnant ensuite lieu exemples 48-50 (p. 146-8)
Comme la crit Boulez, il sagit pour moi dune polyphonie largie plutt que dune htrophonie proprement dite.
Conclusion : Ainsi, un univers responsable est capable dassurer la cohrence du texte. Ainsi que le dit Rougier, il nous faut substituer la notion dՎvidence la notion de cohrence. (149)
Cf. le positivisme langagier latent de Boulez
Limportant rside en le fait de distinguer nettement les deux sortes de critre qui sappliquent toute technise de dveloppement : la mise en place et la production. La mise en place est, en quelque sorte, lenveloppe extrieure des organismes ; la production se rapporte lengendrement proprement dit. (149)
Nous indiquons comment, par cette manipulation des structures, on dbouche directement sur la forme. (150)
Cest l quil va chouer : la figuration de structures ne produit pas, ne forme pas un temps musical !
Sen suit un examen de la notion de voix.
La notion de voix constitue en effet un oprateur pour former un temps musical, pour donner forme
On devra concevoir la transformation de la notion de voix, non pas envisager son abolition. (152)
Mais il serait vain de vouloir rinstaurer lՎcriture contrapuntique et lՎcriture harmonique : elles sont, avec Webern, mortes. (152)
La notion de voix doit tre radicalement repense : une voix se considrera dsormais comme une constellation dՎvnements obissant un certain nombre de critres communs, une rpartition dans un temps mobile et discontinu, suivant une densit variable, par un timbre non homogne, de familles de structures en opposition. (152-153)
largie, la notion de voix nous permettra de rendre poreuses les catgories come monodie, htrophonie, polyphonie. (153)
La srie dilue lopposition entre horizontal et vertical, de mme quelle fait appel un univers o consonance et dissonance sont abolies. (153)
Chez Schoenberg, notion prime dharmonisation dun thme – or il nexiste aucune fonction proprement harmonique reliant le thme et son accompagnement : il sagit dune pure complmentarit chromatique. (153-4)
La complmentarit chromatique ne suffit pas faire fonctionnalit harmonique
Bas de la page 156 : introduction de lopposition rel/virtuel en fausse fentre
Reprise de la question de lH et donc de la question de la voix musicale
Reprise de la libert prise par rapport aux caractrisations hrites (qui relevaient dun autre contexte)
Transformation de la dfinition de lH et dplacement (du prcompositionnel vers le compositionnel lui-mme).
Mort du contrepoint et de lharmonie ? Pas sr
Et son exemple de la mlodie accompagne ne relve dailleurs pas vraiment du contrepoint.
Oui, par contre, lindiffrence (indiffrence alors certaines oppositions : horizontal/vertical) – dailleurs lharmonie nest pas uniquement verticale