Chronologie
de mai 68
François Nicolas
1.
Une révolte étudiante / un soulèvement (à échelle
mondiale [1])
de la jeunesse (étudiante et lycéenne) ⟹ « révolution » & « violence » = Sorbonne [1968]
2.
Une grève ouvrière / une action générale (à échelle
française) ouvrière (et salariée) : grèves sauvages & occupations
d’usine = Billancourt [1967…]
3.
Une idéologie libertaire / anarchisante [2]
= Odéon [1966…]
4.
Une politique égalitaire / émancipatrice = Flins [1966-1976]
1968 |
Autres |
|||||
des étudiants |
des ouvriers |
politique |
International |
Divers |
Musique et autres arts |
|
Janvier |
8
janvier : Missoffe chahuté à Nanterre |
17
janvier : Manif ouvrières à Redon 26
janvier : Bagarres à Caen |
2
janvier : création du PCMLF |
5
janvier : Début du « Printemps de Prague » 15
janvier : Au Japon, affrontements des Zengakuren contre la police à
l’occasion de l’arrivée d’un porte-avions US 23
janvier : arraisonnement du navire espion américain le Pueblo par les Nord-Coréens 27
janvier : fondation du parti travailliste israélien 31
janvier : « Offensive du Têt » par le FNL vietnamien [3] |
17 janvier :
fin de la convertibilité du dollar en or |
8 janvier : fondation du
Collectif Change (poésie) 12 janvier :
conférence d’Adorno (« L’art et les arts ») au Collège de France
(Paris) à laquelle assiste Paul Celan. |
Février |
17-18
février : Manifestations à Berlin contre la guerre du Vietnam |
6-18 février : JO de
Grenoble (Killy…) |
Affaire Langlois
(Cinémathèque) Le Bal des
vampires de
Roman Polansky |
|||
Mars |
22
mars :
Occupation à Nanterre [4] |
18
mars : Affrontements à Redon
avec la police |
Création par
l’JUC(ml) du MSLP (Mouvement de soutien aux luttes du peuple) 30-31 mars
(Paris) : Premier congrès des CVB |
Chine :
Après le « contre-courant de février », dernier épisode de la
GRCP… [5] 16
mars : massacre à My Lai (Vietnam) de 500 civils 21
mars : Suharto (Indonésie) – Bataille de Karamé (Jordanie) 25
mars : programme du FBI (J. Edgar Hoover) contre les Blacks
Panthers [6] 31
mars : Suspension américaine des bombardements sur le Vietnam ;
Johnson offre des négociations, acceptées le 1° avril ⟹ pourparlers à Paris « Mars
polonais », durement réprimé |
15 mars : Éditorial du Monde
« Quand la France s’ennuie… » [7] 30 mars : Réforme du SMI,
création des DTS |
Le
Bon, la Brute et le Truand
de Sergio Leone Il est cinq heures, Paris
s’éveille (J.
Dutronc) Mort de Dreyer (20 mars) |
Avril |
Jeudi
25 avril : Juquin (député PCF et membre de son C.C.) est expulsé de
Nanterre aux cris de « Judas Juquin ! » et « Lecanuet du
PCF ! » Dimanche
28 avril : L’exposition pro-américaine sur le Sud-Vietnam (44 rue de
Rennes) détruite par les CVB aux cris de « FNL vaincra ! » |
3 avril : incendie
de deux grands magasins à Francfort par Andreas Baader et Ulrike Meinhof 4
avril : assassinat de Martin Luther King (USA) 6
avril : Bobby Hutton (Black Panther) meurt au cours d’une
fusillade avec la police (USA) 11
avril : Johnson signe la loi sur les droits civiques (USA) 11
avril : attentat contre Rudi Dutschke (RFA) 11
avril : Le Général Jarulezki devient ministre de la Défense (Pologne) 11
avril : le Parti communiste de Tchécoslovaquie proclame « la voie
tchécoslovaque vers le socialisme » 29
avril : Zengakuren et paysans contre les États-Unis (Okinawa) |
Début des Shadoks à la
télévision… Sortie des Barjots de
Jean Monod [8] lundi 29 avril : 1°
exposé d’Alain Badiou sur Le concept de modèle (Ens, salle
Dussanne) [9] |
Festival de Royan [10] Hair (Broadway) Sortie en France de La Planète des singes |
Dates |
Alii… |
|||||||
des étudiants |
des ouvriers |
politique |
International |
Divers |
Musique et autres arts |
|||
Mai |
Mercredi 1° |
Affrontements devant le Cirque
d’Hiver puis discussions place de la Bastille Premier n° de La Cause du peuple (journal du
MSLP) |
||||||
Jeudi 2 |
Menaces d’Occident Fermeture sine die de
Nanterre |
|||||||
Vendredi 3 |
La police occupe la Sorbonne. Manif Quartier Latin.
Arrestation de 600 jeunes… |
Début
Sorbonne |
Éditorial de G. Marchais dans L’Humanité [12] La CFDT refuse sa solidarité
avec les étudiants. [13] Pompidou et Couve de
Murville [14]
en Iran |
Dernière émission « Cinq
colonnes à la Une » |
||||
Samedi 4 |
Réponse du « mouvement du
22 mars » [15] Appel MSLP : « Vive les étudiants de Nanterre de
Paris Vive l'unité populaire contre la violence et la
répression! » [16] |
|||||||
Dimanche 5 |
Étudiants condamnés pour
violences à agents |
Circulaire
UJC(ml) : « Les tâches immédiates des communistes dans les
usines » |
Vietnam : à la veille de
l’ouverture des pourparlers, le FNL déclenche une vaste offensive. |
|||||
Lundi 6 |
Bagarres toute la journée au
Quartier Latin |
Premiers déplacements
d’étudiants aux usines [17] |
« Crise mystique »
de Stockhausen… |
|||||
Mardi 7 |
Grande manif Quartier Latin ↔
Étoile Bagarres au retour |
Appel de l’UJC(ml) et des
cercles Servir le Peuple : « Et maintenant aux
usines ! » Pompidou quitte l’Iran pour
l’Afghanistan. |
Stockhausen : première
pièce de Aus den sieben Tagen : Richtige
Dauern [Bonnes
durées] |
|||||
Mercredi 8 |
Manif Halle-aux-vins → Luxembourg
(calme) |
2° pièce
de Stockhausen : Unbegrenzt [Illimité] |
||||||
Jeudi 9 |
Réouverture de Nanterre |
|||||||
Vendredi 10 |
Grande manif Denfert →
Quartier Latin Nuit
des barricades |
Ouverture de la
Conférence de Paris (Vietnam) |
Ouverture du
Festival de Cannes [18] |
|||||
Samedi 11 |
Appel à la grève générale pour
le lundi 13 Pompidou revient d’Afghanistan
et d’Iran |
Althusser hospitalisé à la
clinique de Soissy Robert Linhart hospitalisé… |
||||||
Dimanche 12 |
Pompidou annonce la
réouverture de la Sorbonne |
|||||||
Lundi 13 |
Grève
générale Grande manifestation
République-Denfert « Bon
anniversaire ! » [19] |
Tract
UJC(ml) : « À bas le régime gaulliste anti-populaire ! Brisons le contre-courant
social-démocrate ! » |
Ouverture à Paris des
négociations sur le Vietnam |
Annulation 2° conférence d’A.
Badiou sur le concept de modèle Grothendieck (avec Henri
Cartan et Dieudonné) chahuté à la tribune d’Orsay |
Stockhausen : dernière
pièce de Aus den sieben Tagen [20] |
|||
Mardi 14 |
Premières occupations d’usine et
séquestrations (Sud-Aviation à Nantes, Rhodiaceta à Besançon) Projet Pompidou d’amnistie sur
la guerre d’Algérie ! |
Premières
occupations d’usine |
||||||
Mercredi 15 |
Odéon investi Grève à Renault-Cléon |
|||||||
Jeudi 16 |
Grève dans tout Renault |
Appel de l’UJC(ml)
à une marche sur Renault-Billancourt |
||||||
Vendredi 17 |
Début de la grève générale |
McCoy Tyner
enregistre son album Time for Tyner
avec African Village |
||||||
Samedi 18 |
De Gaulle rentre de Roumanie |
|||||||
Dimanche 19 |
« La réforme,
oui ; la chienlit, non ! » |
Fin prématurée du Festival de Cannes Création à Harlem du groupe « Spoken Word » The original last Poets |
||||||
Lundi 20 |
France paralysée |
|||||||
Mardi 21 |
Occupation de la
Société des Gens de Lettres (Hôtel de Massa) et création de l’Union des
écrivains |
|||||||
Mercredi 22 |
Cohn-Bendit interdit de séjour « Nous sommes tous des
juifs allemands » |
8 millions des grévistes |
Dernier numéro de Servir le peuple |
|||||
Jeudi 23 (Ascension) |
Bagarres rue Monge |
|||||||
Vendredi 24 |
Manifestation Bastille-Bourse… Discours De Gaulle :
référendum [22]
→ dérision : « Son discours, on s’en fout » Nouvelles barricades |
|||||||
Samedi 25 |
Négociation de Grenelle Début de grève à l’ORTF |
|||||||
Dimanche 26 |
Accords de Grenelle [23] |
|||||||
Lundi 27 |
Billancourt
refuse Grenelle Charléty |
Hugo Santiago
commence à Buenos Aires le tournage de Invasion
(1969) |
||||||
Mardi 28 |
Cohn-Bendit revient
clandestinement et reparaît à la Sorbonne Mitterrand pose sa candidature |
Point culminant des grèves (9
millions) |
||||||
Mercredi 29 |
Manif CGT pour un
« Gouvernement populaire » De Gaulle disparaît Mendès-France se porte
candidat… |
Mort de Jacques
Chardonne |
||||||
Jeudi 30 |
Discours De Gaulle
(16h30) : dissolution [24] Manif
Champs-Élysées
(18h) Augmentation du SMIG [25] |
Commencement de reprise dans
les usines |
||||||
Vendredi 31 |
Retour de l’essence |
|||||||
Juin |
Samedi 1° |
|||||||
Dimanche 2 (Pentecôte) |
||||||||
Lundi 3 |
||||||||
Mardi 4 |
Début de la reprise du travail |
Mort d’Alexandre Kojève |
||||||
Mercredi 5 |
Assassinat de Robert Kennedy |
|||||||
Jeudi 6 |
Occupation de Flins |
|||||||
Vendredi 7 |
Bagarre à Flins |
Sortie en France de
La Chine est proche de Marco
Bellochio |
||||||
Samedi 8 |
Début du retour en France des
anciens de l’OAS (Cf. Georges Bidault) |
|||||||
Dimanche 9 |
||||||||
Lundi 10 |
Mort de Gilles Tautain à Flins Bagarres Quartier Latin |
Reprise aux usines Wonder
(St-Ouen) Reprise du travail puis de la
grève à Sochaux |
||||||
Mardi 11 |
Manif gare de l’Est Affrontements à Sochaux (mort
de 2 ouvriers) |
Affrontements dans
l’usine Sochaux : Pierre
Beylot et Henri Blanchet tués ; Serge Hardy et Joël Royer amputés |
||||||
Mercredi 12 |
Dissolution des groupes
étudiants et interdiction des manifs |
|||||||
Jeudi 13 |
||||||||
Vendredi 14 |
Évacuation de l’Odéon |
|||||||
Samedi 15 |
Enterrement de Gilles Tautin OAS (dont Salan) gracié… |
Enterrement
Tautin |
Mort de Wes Montgomery |
|||||
Dimanche 16 |
Évacuation de la Sorbonne |
Fin
Sorbonne |
||||||
Lundi 17 |
||||||||
Mardi 18 |
Reprise du travail chez
Renault |
|||||||
Mercredi 19 |
||||||||
Jeudi 20 |
||||||||
Vendredi 21 |
||||||||
Samedi 22 |
||||||||
Dimanche 23 |
1° tour des élections |
|||||||
Lundi 24 |
Loi sur l’état d’urgence en
RFA |
|||||||
Mardi 25 |
||||||||
Mercredi 26 |
||||||||
Jeudi 27 |
||||||||
Vendredi 28 |
||||||||
Samedi 29 |
||||||||
Dimanche 30 |
2° tour des élections |
International |
Musique & autres arts |
||
Juillet |
10 juillet : Couve de Murville, premier ministre 15-31 juillet : festival d’Avignon 24 juillet : loi d’amnistie pour les faits relatifs à
l’Algérie |
1° juillet : Signature d’un traité de
non-prolifération nucléaire 17 juillet : Prise de pouvoir du Baas en Irak 26-27 juillet : Affrontements étudiants-policiers à
Mexico – 17 morts 29 juillet : Humanæ vitæ (Paul VI) [26] |
N° 43 de Partisans : « sport, culture
et répression » |
Août |
1 août : Réorganisation de l’ORTF. Entrée de la pub
au 1er octobre 24 août : première bombe H française [27] |
21 août : intervention des troupes du Pacte de
Varsovie en Tchécoslovaquie À partir du 26 août : Conférence catholique
latino-américaine de Medelin ⟹ théologie de la libération |
|
Septembre |
30 septembre :
implosion de l’UJC(ml) |
Sécession du Biafra (Nigeria) Retrait de l’Albanie du Pacte de Varsovie (13 septembre) Tensions Chine-URSS aux frontières Portugal : Caetano succède à Salazar (28 septembre) |
Théorème (Pasolini) – Mostra de Venise Le 17° Parallèle de Joris Ivens et
Marceline Loridan 2001, l’odyssée de l’espace
de Stanley Kubrick Baisers volés de François
Truffaut Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards
sauvages de Michel Audiard |
Octobre |
31 octobre : création de la Gauche Prolétarienne (GP) |
2 octobre : Massacre de la place Tialecolco (Mexico)
– 50 à 300 morts 12-27 octobre : JO de Mexico [28] Condamnation à trois
ans de prison de Andreas Baader et Ulrike Meinhof |
Création [29]
de Sinfonia de Berio [2 octobre : mort de
Marcel Duchamp] 19-20 octobre : Festival
de Donaueschingen [30] Rosemary’s
Baby de Roman
Polanski |
Novembre |
12 novembre : loi d’orientation de l’enseignement
supérieur [31] Création de Dauphine et Vincennes |
5 novembre : élection de Richard Nixon aux EU Eldridge
Cleaver (Black Panther) s’exile pour l’Algérie |
Sortie
en France de Chronique d’Anna Magdalena Bach (Straub &
Huillet), de Un soir, un train
(André Delvaux) et de Un Mur à Jérusalem (Frédéric Rossif) Premier
numéro de la revue poétique Change |
Décembre |
27 décembre : loi sur la section syndicale
d’entreprise [32] |
13 décembre : début des années de plomb au Brésil (le
régime militaire instaure la dictature) 26 décembre : attaque palestinienne d’un avion El Al
à Athènes |
Création du Livre pour
cordes [33]
et de Domaine [34]
de Boulez |
Révolte de la jeunesse |
Grève des ouvriers |
Mouvement idéologique |
Action politique |
|
L’année 1968 commence |
le 22 mars (à Nanterre) |
en janvier (pas à Paris ! : à
Redon et Caen) |
(déjà commencée : ex. les
Situationnistes) |
le 21 février (à Paris : journée Vietnam) |
« Mai » commence |
le vendredi 3 mai (la Sorbonne) |
après la grève générale du
lundi 13 mai (Nantes, Besançon) |
le mercredi 1° mai (manif :
affrontements/débats de masse) |
|
La fin intervient le |
le dimanche 16 juin (évacuation de la Sorbonne) |
lundi 10 juin (rentrée Wonder) |
(encore continuée) |
samedi 15 juin (enterrement de Gilles Tautin) |
Apogée |
vendredi 10 mai (Nuit des barricades) |
mardi 28 mai (9 millions de grévistes) |
vendredi 7 juin (Flins) |
Pour tout contact : fnicolas [at] fnicolas.paris
[1] Mexique, Allemagne, Italie, Chine, USA…
[2] Cf.
Situationnisme : De la misère en milieu étudiant (1966), La
société du spectacle (Guy Debord, 1967), Traité de savoir-vivre à
l’usage des jeunes générations (Raoul Vaneigem, 1967)
[4] Occupation de la salle des conseils de l’Université de
Nanterr. Cf.
Daniel Cohn-Bendit, étudiant en sociologie… Enjeu : la Cité des filles
fermait à 22h…
[5] La Révolution
culturelle (GRCP) commence au printemps 1966.
1.
Ouverture début 1966. Elle prend
forme avec la « circulaire du 16 mai » puis la « déclaration en
16 points » en août.
2.
Période « gardes
rouges » à partir de fin août 1966
3.
Entrée en scène des ouvriers
début 1967 : la « commune de Shanghai »…
4.
Troubles, violences (été 1967)
5.
Début de la remise en ordre. En
septembre 1967, Mao appuie la ligne « reconstructive » de
Chou-en-Laï. 1968 voit les derniers épisodes : « contre-courant de
février ». Mao appelle à nouveau à l’action fin mars.
6.
Fin proprement dite (à partir de
l’été 1968). Le neuvième congrès du PCC en avril 1969 entérine à un retour à
l’ordre sous la direction de Lin Piao.
D’où
plusieurs périodisations. De la plus large à la plus concentrée :
·
1966-1976 (mort de Mao)
·
novembre 1965-juillet 1968
· mai
1966-septembre 1967 : moment révolutionnaire proprement dit.
[6] Programme Cointelpro (Counter
Intelligence Program)
25
mars : « Il faut faire comprendre aux
jeunes Noirs modérés que, s'ils succombent à l'enseignement révolutionnaire,
ils seront des révolutionnaires morts ».
3
avril : « Ne vaut-il pas mieux être une vedette sportive, un
athlète bien payé ou un artiste, un employé ou un ouvrier […] plutôt qu'un Noir
qui ne pense qu'à détruire l'establishment et qui, ce faisant, détruit sa
propre maison, ne gagnant pour lui et son peuple que la haine et le soupçon des
Blancs ? »
[7] Viansson-Ponté,
(Le Monde) : « Ce qui caractérise actuellement notre vie
publique, c’est l’ennui. Les Français s’ennuient. Ils ne participent ni de près
ni de loin aux grandes convulsions qui secouent le monde. La guerre du Vietnam
les émeut, mais elle ne les touche pas vraiment. […] Le conflit du Moyen-Orient
a provoqué une petite fièvre au début de l’année dernière. […] Les guérillas
d’Amérique Latine et l’effervescence cubaine ont été, un temps, à la mode. […] La jeunesse s’ennuie. Les étudiants
manifestent, bougent, se battent en Espagne, en Italie, en Belgique, en
Algérie, au Japon, en Amérique, en Égypte, en Allemagne, en Pologne même. […]
Les étudiants français se préoccupent de savoir si les filles de Nanterre et
d’Antony pourront accéder librement aux chambres des garçons. […] Quant aux
jeunes ouvriers, ils cherchent du travail et n’en trouvent pas. […] Le Général de Gaulle s’ennuie. »
[8] Enquête
ethnologique (l’auteur était disciple de Claude Lévi-Strauss) sur les bandes de
jeunes : les jeunes interprèteraient la lutte
des classes comme des conflits de génération…
[9] La seconde
séance, prévue le lundi 13 mai, n’aura pas lieu…
[10] Création de Trajectoires
de G. Amy, Le temps restitué de Barraqué, Nuits de Xenakis…
[11]
République-Bastille (25 à 100 000 manifestants) à l’appel de la CGT, du
PCF et du PSU. La CFDT, la FGDS et la FEN avaient refusé de s’y associer.
Première
manifestation du 1° mai depuis son interdiction, en 1954, par le gouvernement
Laniel (suite au 14 juillet 1953, où la police avait
ouvert le feu, place de la Nation, sur le cortège algérien du Mouvement pour
le triomphe des libertés démocratiques de Messali Hadj).
Premier
numéro de La Cause du peuple (journal
du MSLP)
[12] Georges
Marchais (1968) : De faux révolutionnaires à démasquer
(L’Humanité ; 3 mai 1968)
Comme toujours lorsque progresse l’union des forces ouvrières et
démocratiques, les groupuscules gauchistes s’agitent dans tous les milieux. Ils
sont particulièrement actifs parmi les étudiants. À l’Université de Nanterre,
par exemple, on trouve : les « maoïstes » ; les
« Jeunesses communistes révolutionnaires » qui groupent une partie
des trotskistes ; le « Comité de liaison des étudiants
révolutionnaires », lui aussi à majorité trotskiste ; les
anarchistes ; divers autres groupes plus ou moins folkloriques.
Malgré leurs contradictions, ces groupuscules - quelques centaines
d’étudiants - se sont unifiés dans ce qu’ils appellent « Le Mouvement de
22 Mars Nanterre » dirigé par l’anarchiste allemand Cohn-Bendit.
Non satisfaits de l’agitation qu’ils mènent dans les milieux
étudiants - agitation qui va à l’encontre des intérêts de la masse des
étudiants et favorise les provocations fascistes - voilà que ces
pseudo-révolutionnaires émettent maintenant la prétention de donner des leçons
au mouvement ouvrier. De plus en plus on les trouve aux portes des
entreprises ou dans les centres de travailleurs immigrés distribuant tracts et
autre matériel de propagande.
Ces faux révolutionnaires doivent être énergiquement démasqués car,
objectivement, ils servent les intérêts du pouvoir gaulliste et des
grands monopoles capitalistes.
Un des maîtres à penser des gauchistes est le philosophe allemand
Herbert Marcuse qui vit aux États-Unis. Ses thèses sont connues. Elles peuvent
être résumées de la façon suivante : les partis communistes « ont
fait faillite », la bourgeoisie a « intégré la classe ouvrière qui
n’est plus révolutionnaire », la jeunesse, surtout dans les universités
« est une force neuve, pleine de possibilités révolutionnaires, elle doit
s’organiser pour la lutte violente ».
Bien entendu, les adeptes de Marcuse, chez nous, doivent tenir
compte de la force, de l’influence du Parti Communiste Français et de la
combativité de la classe ouvrière. Mais tout en y mettant des formes, ils
portent leurs coups contre notre parti - et la CGT- et cherchent à mettre en
cause le rôle fondamental de la classe ouvrière dans la lutte pour le progrès,
le démocratie, le socialisme.
Les thèses et l’activité de ces « révolutionnaires »
pourraient prêter à rire. D’autant qu’il s’agit, en général, de fils de
grands bourgeois - méprisant à l’égard des étudiants d’origine ouvrière – qui,
rapidement, mettront en veilleuse leur « flamme révolutionnaire »
pour aller diriger l’entreprise de papa et y exploiter les travailleurs dans
les meilleures traditions du capitalisme.
Cependant, on se saurait sous-estimer leur malfaisante besogne qui
tente de jeter le trouble, le doute, le scepticisme parmi les travailleurs et,
notamment, les jeunes. D’autant que leurs activités s’inscrivent dans le cadre
de la campagne anticommuniste du pouvoir gaulliste et des autres forces
réactionnaires. De plus, des journaux, des revues, des hebdomadaires - dont
certains se réclament de la gauche - leur accordent de l’importance et
diffusent à longueur de colonnes leurs élucubrations. Enfin et surtout, parce
que l’aventurisme gauchiste porte le plus grand préjudice au mouvement
révolutionnaire.
En développant l’anti-communisme, les groupuscules gauchistes
servent les intérêts de la bourgeoisie et du grand capital.
Le Parti Communiste Français est le meilleur défenseur des
revendications immédiates des travailleurs manuels et intellectuels. Il
représente une force essentielle dans le combat pour éliminer le pouvoir des
monopoles et lui substituer un régime démocratique nouveau permettant d’aller
de l’avant dans la voie du progrès social, de l’indépendance nationale et de la
paix. Il est le meilleur artisan de l’union des forces ouvrières et
démocratiques, de l’entente entre tous les partis de gauche, condition décisive
pour atteindre des objectifs. Sans le Parti Communiste, il n’est pas véritable
gouvernement de gauche, il n’est pas de politique de progrès possible.
Mais notre Parti n’a pas comme seul objectif de lutter contre la
malfaisance politique du pouvoir des monopoles et de lui substituer un
authentique régime démocratique. Effectivement, il lutte pour l’abolition du
capitalisme et l’instauration d’une société socialiste où sera bannie à tout
jamais l’exploitation de l’homme par l’homme. Pour une société qui stabilisera
l’entière égalité sociale de tous ses membres et où le but de la production ne
sera plus le profit d’une petite minorité mais la satisfaction des besoins
matériels et culturels de tous.
Pour atteindre ces objectifs, notre Parti Communiste fonde son
action avant tout sur la classe ouvrière qui est la force sociale décisive de
notre époque.
La grande mission historique de la classe ouvrière est de liquider
le capitalisme et d’édifier le socialisme, seule société véritablement humaine.
Il en est ainsi parce que la classe ouvrière ne possède toujours
aucun moyen de production, qu’elle est la classe la plus exploitée et, par
conséquent, la seule classe véritablement révolutionnaire jusqu’au bout. Il en
est ainsi parce que les conditions mêmes de développement de la production font
que la classe ouvrière est la mieux organisée, la plus disciplinée et la plus
consciente.
Les pseudo-révolutionnaires de Nanterre et d’ailleurs auront beau
faire, ils ne changeront rien à cette réalité historique. D’ailleurs, c’est
bien la classe ouvrière qui a donné naissance au système socialiste qui libère
l’homme de toute forme d’exploitation et d’oppression et assure progressivement
la satisfaction de ses besoins matériels et culturels. Au système socialiste
qui apporte tout son appui à la lutte des peuples pour leur indépendance
nationale. Au système socialiste qui, par son exemple, convaincra toujours plus
les travailleurs des pays capitalistes qu’il est de leur intérêt de s’engager
dans la voie du socialisme.
Ces vérités élémentaires qui prouvent que le Parti Communiste
Français est en France le seul parti révolutionnaire, dans le bon sens du
terme, nous devons les rappeler énergiquement à ces pseudo-révolutionnaires.
Nous devons leur rappeler aussi ces paroles d’Anatole France à l’intention des
intellectuels: « Pour combattre et vaincre nos adversaires rappelez-vous,
citoyens, que vous devez marcher avec tous les artisans de l’émancipation des
travailleurs manuels, avec tous les défenseurs de la justice sociale, et que
vous n’avez pas d’ennemis à gauche. Rappelez-vous que, sans les prolétaires,
vous n’êtes qu’une poignée de dissidents bourgeois et qu’unis, mêlés au
prolétariat, vous êtes le nombre au service de la justice. »
Mais il est bien évident que nous ne confondons pas les petits
groupuscules gauchistes s’agitant dans les universités avec la masse des
étudiants. Au contraire, ceux-ci bénéficient de notre entière solidarité dans
la lutte qu’ils mènent pour la défense de leurs légitimes revendications contre
la politique désastreuse du pouvoir gaulliste dans le domaine de l’éduction.
Les étudiants ont besoin du soutien actif des travailleurs, c’est pourquoi ils
doivent s’appuyer sur eux dans leur combat.
Et la classe ouvrière la plus intérêt d’avoir à ses côtés les étudiants
en lutte pour leur propres objectifs et pour ceux qui leur sont communs.
En effet, pour autant qu’elle a un rôle décisif à jouer dans la
lutte pour le progrès, la démocratie et le socialisme, la classe ouvrière ne
saurait prétendre y parvenir seule. Elle a besoin d’alliés. Les étudiants, la
jeunesse en général, sont parmi ces alliés indispensables. C’est pourquoi il
faut combattre et isoler complètement tous les groupuscules gauchistes qui
cherchent à nuire au mouvement démocratique en se couvrant de la phraséologie
révolutionnaire. Nous les combattons d’autant mieux que nous faisons
toujours plus connaître les propositions du Parti et de sa politique unitaire
pour le progrès social, la démocratie, la paix et le socialisme.
[13] Elle « refuse toute solidarité avec les groupes
dont l'action incohérente compromet une véritable réforme ».
[14] Ministre des
Affaires étrangères
[15] Tract du
Mouvement du 22 mars, 4 mai 1968 :
Les journaux parlent des "enragés" d'une jeunesse
dorée qui tromperait son oisiveté en se livrant à la violence, au vandalisme.
Non! Nous nous battons (des blessés, des emprisonnés, 527
arrestations, le conseil de discipline pour six camarades, des menaces
d'extraditions, des amendes) parce que nous refusons de devenir des
professeurs au service de la sélection dans l'enseignement dont les enfants
de la classe ouvrière font les frais; des sociologues fabricants de
slogans pour les campagnes électorales gouvernementales; des psychologues
chargés de faire "fonctionner" les "équipes de
travailleurs" selon les intérêts des patrons; des scientifiques dont le
travail de recherche sera utilisé selon les intérêts exclusifs de l'économie de
profit.
Nous refusons cet avenir de "chiens de garde", nous refusons
les cours qui apprennent à le devenir.
Nous refusons les examens et les titres qui
récompensent ceux qui ont accepté d'entrer dans le système.
Nous refusons d'être recrutés par ces "mafias".
Nous refusons d'améliorer l'université bourgeoise.
Nous voulons la transformer radicalement afin que,
désormais, elle forme des intellectuels qui luttent aux côtés des travailleurs
et non contre eux.
[Faut-il
rappeler que c’est Cohn-Bendit qui rédigea ce tract ?]
Vive les étudiants de Nanterre de Paris
Vive l'unité populaire contre la violence
et la répression!
[4 mai 1968.]
Depuis plus
d'un mois, un nombre grandissant d'étudiants et de jeunes se révoltent et
luttent contre la bourgeoisie. Les étudiants de Nanterre ont dans cette révolte
joué un rôle d'avant-garde.
Toutes les forces répressives de la bourgeoisie se
sont mobilisées pour écraser ce mouvement; elles ont utilisé la presse, les
bandes fascistes, l'intimidation par l'administration universitaire, les
arrestations et enfin l'agression de forces policières massives.
Tous les
réactionnaires (y compris la clique dirigeante révisionniste), pris de panique,
ont constitué un front uni et fomenté un vaste complot contre les étudiants :
calomnier les étudiants progressistes, déverser un flot de mensonges, tout
mettre en oeuvre pour les isoler de la population et permettre ainsi leur
écrasement par les bandes fascistes et les troupes d'agression policière.
Mais
cette offensive de la réaction, loin d'intimider les étudiants, a renforcé leur
résolution.
Le mouvement des étudiants progressistes s'est impétueusement
développé.
Malgré les contre-courants la masse des étudiants progressistes a
brisé les manoeuvres d'encerclement et s'est orientée vers le peuple, vers les
larges masses de la classe ouvrière, des travailleurs et de la population.
LE MOUVEMENT
DE SOUTIEN AUX LUTTES DU PEUPLE CONNAIT UN GRAND ESSOR.
Le 3 mai,
pendant près de 6 heures, de 17 heures à 23 heures environ, la masse des
étudiants du Quartier Latin s'est bravement dressée contre les C. R. S. et la
répression.
Comptant sur leurs propres forces et bénéficiant de l'appui de la
population, ils se sont spontanément organisés et ont sévèrement châtié les
provocations policières.
Déjà le mouvement de résistance aux brutalités
policières se développe parmi les masses populaires.
Le 3 mai, une partie de
la population s'est elle-même portée aux côtés des étudiants pour les aider à
résister à la violence.
Les C. R. S. se sont comportés à l'égard de la
population comme des troupes d'occupation en territoire ennemi, s'en prenant
brutalement aux masses sans aucune distinction.
Ils ont suscité ainsi une
grande colère dans la population.
Des masses populaires de plus en plus larges
sont frappées depuis des mois et des années par la répression et la violence
contre-révolutionnaire. Ces derniers temps les C. R. S. et autres troupes
d'agression contre la population se sont livrés à des attaques brutales à
l'égard des paysans de Redon, puis à l'égard des ouvriers et des masses
populaires du Mans, de Caen, de Redon qui ont vaillamment combattu et châtié
les agresseurs.
Ainsi des masses de plus en plus grandes d'ouvriers, de
paysans, et d'étudiants prennent conscience de la nécessité de mettre un terme
aux agressions policières, de faire cesser la répression.
Dans leur lutte
contre la répression, les étudiants doivent résolument s'unir avec les larges
masses populaires, et en particulier de la classe ouvrière, qui combattent
depuis longtemps le même ennemi.
Ils doivent se mettre au service des
travailleurs, force principale de la révolution.
Ouvriers, paysans, étudiants
doivent s'entraider et se soutenir mutuellement pour défendre la liberté
populaire et mettre en échec la violence policière.
Si les larges masses
populaires des ouvriers, des paysans, des étudiants, persévèrent dans la lutte,
conquièrent leur unité et forment un vaste front contre la répression
policière, elles briseront inéluctablement les plans d'agression de la
bourgeoisie.
[18] Au programme Je
t’aime je t’aime (Alain Resnais), Les
Gauloises bleues (Michel Cournot), Au
feu les pompiers ! (Milos
Forman)…
[19] 13 mai
1958 !
[20] Conversion au
nihilisme passif : « Ne pense RIEN. Attends jusqu’à ce que tu sois
absolument calme en toi-même. Quand tu as atteint cela, commence à jouer.
Aussitôt que tu commences à penser, arrête et essaie d’atteindre encore l’état
de NON-PENSÉE. Puis continue de jouer. » !!!
[21] Dans
l’ordre : Johnny Halliday (« Entre mes mains »), Sheila
(« Quand une fille aime un garçon »), Claude François (« Jacques
a dit »), Eddy Mitchell (« Je n’aime que toi »), …
[22] « Tout le monde comprend, évidemment, quelle est la portée des actuels évènements, universitaires, puis sociaux. On y voit tous les signes qui démontrent la nécessité d'une mutation de notre société. Mutation qui doit comporter la participation plus effective de chacun à la marche et au résultat de l'activité qui le concerne directement.
Certes, dans la situation bouleversée d'aujourd'hui, le
premier devoir de l'État, c'est d'assurer en dépit de tout, la vie élémentaire
du pays, ainsi que l'ordre public. Il le fait. C'est aussi d'aider à la remise
en marche, en prenant les contacts qui pourraient la faciliter. Il y est prêt.
Voilà pour l'immédiat. Mais ensuite, il y a sans nul doute des structures à
modifier. Autrement dit : il y a à réformer.
Car dans l'immense transformation politique,
économique, sociale, que la France accomplit en notre temps, si beaucoup
d'obstacles, intérieur et extérieur, ont déjà été franchis, d'autres s'opposent
encore au progrès. De là, les troubles profonds. Avant tout dans la jeunesse
qui est soucieuse de son propre rôle, et que l'avenir inquiète trop souvent.
C'est pourquoi, la crise de l'université, crise provoquée par l'impuissance de
ce grand corps, à s'adapter aux nécessités modernes de la Nation, ainsi qu'au
rôle et à l'emploi des jeunes, a déclenché dans beaucoup d'autres milieux, une
marée de désordre, d'abandon ou d'arrêt du travail. Il en résulte que notre
pays est au bord de la paralysie.
Devant nous-mêmes, et devant le monde, nous, Français,
devons régler un problème essentiel que nous pose notre époque. A moins que
nous nous roulions à travers la guerre civile, aux aventures et aux usurpations
les plus odieuses et les plus ruineuses. Depuis bientôt 30 ans, les évènements
m'ont imposé en plusieurs graves occasions, le devoir d'amener notre pays à
assumer son propre destin, afin d'empêcher que certains ne s'en chargent malgré
lui. J'y suis prêt, cette fois encore. Mais cette fois encore, cette fois
surtout, j'ai besoin. Oui, j'ai besoin que le peuple français dise qu'il le
veut. Or, notre Constitution prévoit justement par quelle voie il peut le
faire. C'est la voie la plus directe et la plus démocratique possible, celle du
référendum.
Compte tenue de la situation tout à fait exceptionnelle
où nous sommes, et sur la proposition du gouvernement, j'ai décidé de soumettre
au suffrage de la Nation, un projet de loi, par lequel je lui demande de donner
à l'État, et d'abord à son chef, un mandat pour la rénovation. Reconstruire
l'université, en fonction, non pas de ses habitudes séculaires, mais des
besoins réels de l'évolution du pays, et des débouchés effectifs de la jeunesse
étudiante dans la société moderne. Adapter notre économie, non pas aux
catégories diverses, des intérêts, des intérêts particuliers, mais aux
nécessités nationales et internationales, en améliorant les conditions de vie
et de travail du personnel, des services publics et des entreprises, en
organisant sa participation aux responsabilités professionnelles, en étendant
la formation des jeunes, en assurant leur emploi, en mettant en œuvre les
activités industrielles et agricoles dans le cadre de nos régions. Tel est le
but que la Nation doit se fixer elle-même.
Françaises, français, au mois de juin, vous vous
prononcerez par un vote. Au cas où votre réponse serait non, il va de soi que
je n'assumerai pas plus longtemps ma fonction. Si par un oui massif, vous
m'exprimez votre confiance, j'entreprendrais avec les pouvoirs publics, et je
l'espère, le concours de tous ceux qui veulent servir l'intérêt commun, de
faire changer partout où il le faut, les structures étroites et périmées, et
ouvrir plus largement la route au sang nouveau de la France.
Vive la République, vive la France ! »
[23] Le SMIG
augmente de plus de 30 %, les salaires de plus de 10%. Nouveaux droits
syndicaux (protection des délégués, locaux, crédits d’heures…)
[24]
« Françaises,
Français,
Étant
le détenteur de la légitimité nationale et républicaine j’ai envisagé depuis
vingt-quatre heures toutes les éventualités sans exception qui me permettraient
de la maintenir. J’ai pris mes résolutions. Dans les circonstances présentes,
je ne me retirerai pas. J’ai un mandat du peuple, je le remplirai.
Je
ne changerai pas le premier ministre dont la valeur, la solidité, la capacité
méritent l’hommage de tous. Il me proposera les changements qui lui paraîtront
utiles dans la composition du gouvernement. Je dissous aujourd’hui l’assemblée
nationale. J’ai proposé au pays un référendum qui donnait aux citoyens
l’occasion de prescrire une réforme profonde de notre économie et de notre
université et en même temps de dire s’ils me gardaient leur confiance ou non
par la seule voie acceptable, celle de la démocratie. Je constate que la situation
actuelle empêche matériellement qu’il y soit procédé. C’est pourquoi j’en
diffère la date.
Quant
aux élections législatives, elles auront lieu dans les délais prévus par la
Constitution, à moins qu’on entende bâillonner le peuple français tout entier
en l’empêchant de s’exprimer en même temps qu’on l’empêche de vivre par les
mêmes moyens qu’on empêche les étudiants d’étudier, les enseignants
d’enseigner, les travailleurs de travailler. Ces moyens, ce sont
l’intimidation, l’intoxication et la tyrannie exercées par des groupes
organisés de longue main en conséquence, et par un parti qui est une entreprise
totalitaire même s’il a déjà des rivaux à cet égard.
Si
donc cette situation de force se maintient, je devrai, pour maintenir la
République, prendre, conformément à la Constitution, d’autres voies que le
scrutin immédiat du pays. En tout cas, partout et tout de suite, il faut que
s’organise l’action civique. Cela doit se faire pour aider le gouvernement
d’abord, puis localement les préfets devenus ou redevenus Commissaires de la
République, dans leur tâche qui consiste à assurer autant que possible
l’existence de la population et à empêcher la subversion à tout moment et en
tout lieu.
La
France en effet est menacée de dictature. On veut la contraindre à se résigner
à un pouvoir qui s’imposerait dans le désespoir national, lequel pouvoir serait
alors évidemment essentiellement celui du vainqueur, c’est-à-dire celui du
communisme totalitaire. Naturellement, on le colorerait pour commencer d’une
apparence trompeuse en utilisant l’ambition et la haine de politiciens au
rancart. Après quoi ces personnages ne pèseraient pas plus que leur poids, qui
ne serait pas lourd. Eh bien non, la République n’abdiquera pas, le peuple se
ressaisira, le progrès, l’indépendance et la paix l’emporteront avec la
liberté. Vive la République. Vive la France! »
[25] de 2,28 à 3
francs l’heure (32%)
[26] Condamnation de
la contraception…
[27] La France, 5°
puissance nucléaire
[28] Les points
gantés de noir de Tommie Smith et John Carlos (200 mètres), les bérets noirs de
Lee Evans, Larry James et Ron Freeman (400 mètres), sans compter les
« révolutions sportives » de Bob Beamon (longueur) et Dick Fosbury
(hauteur)
[29] New York
[30] Création de Chant
de Gilbert Amy…
[31] Les universités autonomes remplacent les facultés (création
des UER dont la gestion revient à l'ensemble des utilisateurs).
[32] Les syndicats
peuvent constituer des sections syndicales et désigner des délégués syndicaux
au sein des entreprises. Jusqu'à présent, les dispositions conventionnelles
aménageant les activités du syndicat sur les lieux de travail restaient rares.
Cette loi consacre non seulement une liberté d'expression et d'action du
syndicat dans l'entreprise, mais aussi une institution proprement syndicale (le
délégué syndical) aux cotés des institutions élues (délégués du personnel et
comité d'entreprise). Elle est enfin le socle de la promotion future de la
négociation collective d'entreprise.
[33] version pour
orchestre du Livre pour quatuor
[34] version pour clarinette et 21 instruments, le 20
décembre 1968 à Bruxelles